Maurice LaPegoue's, une vie en portrait

Par: SORTIR À DOUALA  le 25 décembre 2022
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Dernière modification le 14 janvier 2023

La vie n’a pas toujours été tendre avec ce grand homme que nous rencontrons à la Galerie Annie Kadji Gallery en cette fin d’année 2022.

C’est dans une petite localité de la région du Littoral que nait dans les années 1970 le jeune Maurice. Dès le primaire, il se plait à reproduire des scènes de dessins animés en vogue à l’époque, notamment Blake pour les nostalgiques. De nature réservée et plutôt bon travailleur, la vie du jeune Maurice Lapegoue va être brutalement chamboulée avec un évènement tragique : le décès de son papa. Celui qui n’était encore qu’un jeune adolescent se retrouve face à d’importantes responsabilités à assumer. Il est alors obligé de quitter l’école pour pouvoir se prendre en charge et aider le reste de la famille.

Aux origines de la vocation artistique

Contrairement au storytelling habituel qui veut qu’un artiste ait toujours rêvé d’en être un, l’histoire de Maurice est singulière. Si une appétence pour le dessin se faisait déjà sentir au primaire, c’est lors des premières (et seules) années de collège qu’il comprend timidement le don dont il est doté. Le déclic fût lorsqu’il réussit à reproduire une affiche de cinéma. Tout le collège en a parlé et des camarades le payaient pour qu’il réalise des dessins à afficher dans leurs salles de classes. Il était devenu le dessinateur que tous les journaux scolaires s’arrachaient.

Plus rien ne le résiste au point qu’il tenta le pari de réaliser des cachets pour les enseignants. C’est à cet instant qu’il se rend compte du potentiel de monétisation de son talent.


Les premiers pas de Maurice Lapegoue

Arrivé à ce stade, vous vous demandez sûrement quelle est l’origine de ce nom d’artiste ? Désolé de vous décevoir mais l’histoire derrière n’est pas si croustillante que ça. C’est un ainé du quartier qui aimait bien l’appeler ainsi et Maurice décidera de garder ce nom pour signer ses œuvres.

Dans les années 1995, Lapegoue’s décide de quitter Melon pour Yaoundé. Il déposa ses valises à « Batié Art », un atélier de sérigraphie détenu par une connaissance et dont il deviendra le portraitiste attitré. Il essayera de lancer sa propre activité sans succès et migrera à nouveau, cette fois pour Douala en 1998.

La rencontre qui changea sa vie : Annie Kadji

Curieux de s’intégrer dans un univers artistique dont il ne connait aucun code, Maurice Lapegoue se rendra à une exposition à Bonapriso Center for The Art (aujourd'hui Annie Kadji Gallery) ou il croise Annie Kadji, la responsable de la gallérie. Il reviendra lui proposer des tableaux et cette dernière lui donnera un ultime challenge à relever : reproduire une œuvre. Ça sera un succès et c’est ainsi qu’il sera adopté par cette dame au grand cœur. Tout ce dont il avait besoin pour être un artiste accompli lui sera fourni : conseils, formation, critiques.

Dame Annie Kadji insistait notamment sur le besoin pour lui de véhiculer un message pour pouvoir s’exporter.

L’ancienne génération a eu en effet « des difficultés dans le marché de l’art contemporain qui veut que le discours prime sur la technique », nous murmure t’il. Ils étaient certes d’excellents techniciens mais l’histoire qui entoure les œuvres était délaissée.

L’artiste révèle avoir fortement eu besoin à ses débuts de retours des ainés sur son travail. Ces critiques des ainés dans le métier aident selon lui les jeunes à grandir artistiquement. C’est pour cette raison qu’il a entrepris de créer une association « Futur’Art » dont la mission est de détecter, encadrer et promouvoir les jeunes talents. De grands noms y sont sortis dont : Franco Ndiba, T. Williams, Nga Debor ou encore Bienvenue Fotso .

L’artiste vit-il de son art ?

Maurice avoue que c’était difficile à ses débuts mais il a toujours essayé d’avoir une activité parallèle pour subvenir à ses besoins. Pour pouvoir vivre de son travail, l’artiste aujourd’hui doit se tourner vers le marché international. La vente d’œuvres d’art reste très embryonnaire sur le marché national, voire inexistant. L’artiste nous confie d’ailleurs avoir vendu son œuvre la plus chère à 1million 600 mille Fcfa loin selon lui des sommes pharamineuses récoltées par certains artistes (on parle de 15 millions de Fcfa environ).


La jeune génération doit faire preuve d’humilité

S’il reconnait que la jeune génération est mieux formée aux techniques artistiques et comprend la nécessité de véhiculer un message dans l’œuvre, il tire la sonnette d’alarme sur les prix demandés. Il rappelle, non sans émotions les paroles d’ Annie Kadji : « ce n’est pas l’artiste qui lève les prix. Si vous êtes compétents, c’est le marché qui va vous élever ». Des paroles qui sont d’une pertinence absolue lorsqu’on observe l’envolée des prix des œuvres.

Pour 2023, l’artiste nous prépare une exposition solo à Yaoundé et contribuera aussi à des travaux collectifs. Merci pour le rayonnement que vous donnez à notre ville !

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